Le Musée de La Poste et les journaux traitant de philatélie – L’Echo de la Timbrologie, Timbres Magazine… – entretiennent des relations régulières. Et quand des journalistes de ces publications mènent des projets exceptionnels, le musée suit à l’occasion leurs parcours. Comme celui de Gauthier Toulemonde, le rédacteur en chef de Timbres Magazine, qui a passé 40 jours sur une île déserte… et continué à assurer son job.
Gauthier Toulemonde est un récidiviste. A l’automne 2013, le rédacteur en chef de Timbres magazine avait décidé de passer 40 jours seul sur un îlot perdu au large de Sumatra. En emportant seulement de quoi communiquer – avec ses proches, ses collaborateurs – et subsister. L’expérience s’était révélée passionnante, fascinante même. Périlleuse aussi. Il a choisi de la renouveler en octobre prochain. Cette fois, direction les îles Chesterfield, un archipel situé à plus de 500 km à l’ouest de la Nouvelle-Calédonie.
« J’ai pris ce qu’il y avait de plus éloigné », commente l’intéressé. Et de plus fragile aussi. Toutes ces terres affleurant à peine – point culminant 7 mètres – sont en effet menacées par la montée des eaux due au réchauffement de la planète. Une situation à laquelle Gauthier Toulemonde est loin d’être indifférent. C’est pourquoi il « séjournera » là-bas avant la grande conférence sur le climat qui se déroulera Paris en décembre. Les observations qu’il fera sur place seront alors transmises à des scientifiques. Peut-être contribueront-elles aussi à sensibiliser davantage encore les politiques réunis pour définir une politique environnementale mondiale.
Quoi qu’il en soit, à son retour Gauthier Toulemonde aura beaucoup à raconter. Comme à l’issue de sa première escapade. De celle-ci, il vient de faire un livre qui retrace les sept semaines passées sur cette île indonésienne de 700 mètres sur 500. Difficile d’accès, aucun habitant, exceptés des varans agressifs, des serpents vraiment peu hospitaliers, des moustiques comme s’il en pleuvait, des chauve-souris géantes… 35° à l’ombre. « Et de l’ombre, on en a vraiment besoin », précise-t-il.
Avec son ordinateur portable alimenté par un panneau solaire et ses téléphones cellulaires, il a pu écrire ses papiers, réunir son équipe à distance. « Le job s’est fait, on peut travailler de cette manière, indique-t-il, et puis j’ai aussi appris à déléguer. » Il a aussi eu la frousse, et même la terreur de sa vie, quand cinq pillards ont débarqué. « C’était plus que tendu, l’un d’eux avait vraiment une tête de tueur, il ne fallait surtout pas montrer son angoisse, agir calmement, se souvient-il, ils ont fini par s’éloigner en ne raflant que des coraux et des œufs de tortue. »
Dans cette aventure, Gauthier Toulemonde a laissé 14 kg. Mais il s’est aussi débarrassé (provisoirement ?) d’autres poids, comme celui de la dépendance à la consommation. « Quand on en est séparé, confirme-t-il, l’envie disparaît très vite. »
Rodolphe Pays
Robinson volontaire. De l’open space à l’île déserte, par Gauthier Toulemonde. Arthaud, 216 pages, 19,90 euros.
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