
Gagnant inégalé de jeux télévisés, Christian Quesada a connu l’ivresse des succès mais aussi de terribles naufrages. Il raconte ce parcours chaotique et finalement heureux dans une biographie parue récemment aux éditions des Arènes.
Après avoir remporté les trois plus grands tournois du jeu télévisé Des chiffres et des lettres, Christian Quesada est devenu début 2017 le recordman de participations – et des gains – à l’émission de TF1 Les 12 coups de midi.
Des succès qu’il doit à sa phénoménale mémoire. Et aussi pour une part à sa passion des timbres.
Il raconte son parcours, longtemps chaotique, dans une biographie parue récemment.
Interview d’une personnalité attachante et hors du commun.

Début 2017, l’animateur de TF1 Jean-Luc Reichmann remet un chèque de 809 392 € à Christian Quesada, gains obtenus après 193 participations au jeu Les 12 coups de midi.
A la fin de votre livre, vous dites que vos gains au jeu Les 12 coups de midi vont permettre de vous reconstruire.
Vous aviez déjà eu des « hauts » précédemment, suivis parfois même de très « bas », qu’en est-il de cette reconstruction ?
L’argent que j’ai gagné me préserve, me met à l’abri aujourd’hui. Mais pour autant, ça ne garantit pas la reconstruction. Si j’avais connu ce succès plus jeune, probable que j’aurais replongé.
L’âge venant, je me suis responsabilisé, je ne vis plus au jour le jour, je regarde le moyen terme, l’avenir. La paternité joue aussi un rôle déterminant désormais dans ma vision des choses. Je veux m’occuper de mes enfants, profiter d’eux, m’investir pour mes proches, les autres…

Christian Quesada est désormais en contact avec des élus de sa région pour préparer un projet visant à venir en aide aux jeunes en échec scolaire.
Cette reconstruction passe-t-elle aussi par les projets d’aide aux jeunes en échec scolaire également évoqués dans le livre ?
Bien sûr. Cela me tient à cœur. J’avais déjà mené diverses expériences dans ce sens, et c’est toujours d’actualité. Je suis en contact notamment avec des élus de ma région, en Rhône-Alpes, et petit à petit un projet se dessine, qu’il faut maintenant concrétiser.
Je pense que d’ici 18 à 24 mois, on aura déjà bien avancé. L’idée, c’est de mettre en avant l’attrait du savoir à travers le jeu. Je suis convaincu qu’avec des méthodes d’apprentissage ludique, on y arrive, on aide les jeunes à s’intéresser, à apprendre, à comprendre. Je l’ai constaté dans les différents emplois que j’ai occupés à plusieurs reprises dans des ludothèques.

Christian Quesada : « C’est vrai que je suis un compétiteur, mais j’aime aussi transmettre, partager, passer. »
La compétition, le jeu, la gagne, l’adrénaline, c’étaient quand même un peu votre ADN. Les projets dont vous parlez peuvent-ils s’y substituer ?
Je l’adapte, cette adrénaline. C’est vrai que je suis un compétiteur, que d’une certaine manière je me sublime dans les joutes, mais j’aime aussi transmettre, partager, passer. C’est d’ailleurs ce que je m’étais souvent employé à faire entre les périodes de participation à des jeux télévisés. C’est aussi une belle motivation.
En vous immergeant dans des dictionnaires, atlas, vignettes Panini, revues, wikipédia… , vous avez emmagasiné des monceaux de connaissances. Est-ce que vous êtes un collectionneur de savoirs ou quelqu’un qui se cultive ?

Le jeune prodige fête une victoire dans un jeu télévisé avec René, son père collectionneur de timbres, et Isabelle, sa mère, qui l’a toujours encouragé et incité à participer aux émissions qu’elle-même regardait sur le petit écran.
Un peu les deux. C’est vrai qu’au départ je m’abreuvais de connaissances, j’accumulais. J’utilisais mes dispositions pour mémoriser afin de réunir, de pouvoir restituer le plus de choses possibles.
C’était aussi une manière de me singulariser, de briller.
Mais avec le recul, je suis devenu un vrai fan de culture, j’avais le goût de savoir, j’y ai ajouté celui de comprendre, de creuser.
Pour la compétition, c’est utile de pouvoir dire que Steinbeck a écrit Les raisins de la colère, mais pour soi, c’est plus intéressant de connaître le contenu du livre, sa dimension sociale, l’histoire de la grande dépression, les bouleversements du monde agricole à cette époque…
Et la philatélie ? Vous avez dit à plusieurs reprises qu’elle avait aussi joué un rôle important dans votre vie…
Les timbres, c’est une passion que j’ai eue très tôt, tout môme. Classiquement, je les collectionnais comme beaucoup d’enfants, en décollant les timbres des lettres que nous recevions à la maison. Je me suis rendu compte très vite qu’avec eux, on apprenait là-encore beaucoup de choses. Notamment, en géographie, un domaine que j’ai toujours adoré.

« En regardant les timbres de la Magyar Posta ou ceux de Suomi, j’ai eu des informations sur la Hongrie et la Finlande. Avec les timbres, je voyageais, j’apprenais. »
En regardant les timbres de la Magyar Posta ou ceux de Suomi, j’ai eu des informations sur la Hongrie et la Finlande par exemple. Avec les timbres, je voyageais, j’apprenais.
Et puis mon père avait une belle collection, on recevait tous les mois des pochettes de timbres, on était abonnés à des revues…
J’allais aussi au Carré Marigny, chez des grands collectionneurs de timbres. J’ai un peu décroché aujourd’hui, peut-être ça reviendra. En tout cas, autant pour les jeux télévisés que pour ma culture personnelle, la philatélie m’a été précieuse.
Vous collectionniez tous les timbres ?
Oui, j’étais intéressé par tous les timbres que je pouvais trouver. Mais j’avais quand même des préférences. J’avais par exemple une belle collection autour du football, grâce à elle, j’ai pu répondre à des questions pointues lors des jeux auxquels j’ai participé.
Et puis, je ne saurais trop dire pourquoi, j’ai aussi eu une période « Napoléon III », j’avais tous les timbres à son effigie, ceux avec des erreurs aussi, les « fautés ». Je n’ai plus beaucoup d’albums aujourd’hui, lors de mauvaises passes, j’ai été contraint de les revendre.
Mais j’ai toujours celui que j’avais acheté avec mes parents et mes frères lors d’un voyage en Bulgarie. J’ai une tendresse pour cet objet, pour ce qu’il représente.
Vous pensez qu’un jour, vous reviendrez aux jeux télévisés, à la compétition ?
Ca me reprendra sans doute, sûrement. Mais je ne crois pas comme participant, comme candidat. J’ai tourné la page de ce côté-là, mais revenir dans ce genre d’émissions comme consultant, animateur, peut-être, pourquoi pas. On n’en est pas là, mes projets pour l’instant sont ailleurs. Et ils ne manquent pas…
Propos recueillis par Rodolphe Pays
Le Maître de Midi, de Christian Quesada (avec Nicolas Torrent), aux éditions Les Arènes, 18 €.
Plus d’infos : http://www.arenes.fr
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