La Grande Guerre vue par les contemporains du conflit : c’est le thème de la nouvelle exposition ouverte depuis quelques jours au Musée de l’Armée. Un accrochage qui présente de nombreuses pièces acheminées à l’époque par la Poste.
On sait toute l’importance du courrier pour les hommes mobilisés sur le front lors de la Première Guerre Mondiale. Dès le début du conflit, des centaines de milliers de lettres à destination de leurs proches sont quotidiennement écrites par les soldats. Et autant leur parviennent. Des chiffres exponentiels, six mois plus tard en effet c’est désormais par millions que se comptent les envois reçus ou expédiés par les combattants.
Des courriers essentiellement familiaux ou amicaux, mais pas seulement. Les plis et colis transmis par la Poste forment en effet à l’époque le principal mode de communication. Et parmi tous ceux émanant du front se trouvent aussi des supports d’information et des témoignages – textes, photos, dessins, tableaux… – notamment destinés aux institutions militaires, à la presse, à des associations…
Bon nombre des documents présentés au sein de l’exposition ouverte depuis la mi-octobre au Musée de l’Armée à Paris – personnels comme « officiels » – ont ainsi été acheminés par voie postale. Intitulé Vue du Front. Représenter la Grande Guerre, l’accrochage réunit plus de 500 pièces qui racontent le quotidien – souvent tragique, quelquefois paradoxal, méconnu aussi et même à l’occasion souriant – de la « Der des Ders ». Y compris au-delà de l’Hexagone, au cœur de tous les fronts – des Balkans, austro-italien, du Levant… – impliqués dans le conflit.
« Ce ne sont pas des regards d’historiens ou des points de vue a posteriori concernant cette guerre qui sont ici proposés, indique Aldo Battaglia, un des commissaires de l’exposition, ce sont les regards de l’époque, les propos pris sur le vif d’acteurs des événements, soldats, artistes ou encore journalistes. » Toutes disciplines confondues, amateurs et professionnels se côtoient ainsi au sein de l’exposition.
La 3ème République et son école avaient formé les petits français au dessin. Devenus adultes, reclus dans les tranchées, beaucoup ont repris le crayon pour accompagner leurs écrits. Leurs œuvres alternent avec celles d’artistes eux-aussi sous les drapeaux ou dépêchés par les autorités militaires ou la presse. « Si la photo joue déjà un rôle de médium, l’armée comme les journaux utilisaient beaucoup à l’époque le dessin où la peinture pour rendre compte du conflit, précise Aldo Battaglia, qu’il s’agisse de travaux effectués par des professionnels ou non. »
Aux côtés de dessins d’anonymes, on trouve ainsi des tableaux du français Georges Scott, d’abord peintre correspondant de guerre puis peintre aux armées. Ou encore des travaux de peintres italiens qui avaient choisi d’aller au combat. L’exposition présente également des toiles d’artistes tels que Félix Valloton (notamment une série de gravures sur bois intitulée « C’est la guerre »), Jacques Villon (« Le cimetière de Châlons »), Albert Gleizes (« Le chant de guerre »), Otto Dix (« Entrée d’une sape », une mine graphite sur papier beige – photo ci-contre)… Un certain nombre d’œuvres réalisées fera l’objet d’expositions – plusieurs affiches en témoignent -, comme celle organisée à Paris de décembre 1916 à février 1917 au profit des œuvres de guerre.
Les documents photographiques qui figurent dans l’exposition sont eux-aussi issus d’amateurs et de professionnels. Vues des combats (parfois aériennes), d’hommes à terre, charges à la baïonnette, moments de détente, burlesques parfois, scènes de fraternisation… Certains des clichés – comme celui d’un soldat au visage pris dans un masque – ont fait l’objet de publications dans des journaux à la fois en Angleterre et en Russie.
Au-delà des œuvres et des objets présentés (sur ce dernier aspect, l’exposition montre aussi des choses étonnantes – poignard/crucifix, cuirasse de tranchée quasi moyenâgeuse… ), des vidéos permettent aux visiteurs de mieux appréhender la dimension internationale de la Grande Guerre. Dans « l’offre » foisonnante autour des commémorations de la guerre 14-18, une expo à ne pas oublier.
Rodolphe Pays
« Vu du Front. Représenter la Grande Guerre », une exposition présentée au Musée de l’Armée jusqu’au 25 janvier, en coproduction avec la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine, Musée de l’Armée, Hôtel national des Invalides, 129 rue de Grenelle, 75007 Paris. Exposition ouverte tous les jours (sauf 25 décembre et 1er janvier) de 10 h à 18 jusqu’au 31 octobre, et de 10 h à 17 h à partir du 1er novembre. Tarif : 8,50 €.
Le catalogue de l’exposition (392 pages, 540 illustrations) a été réalisé par les éditions « Somogy Editions d’art ».
La Poste et la Grande Guerre
La Poste est partenaire de la « Mission du Centenaire 14-18 ». Ses différentes entités culturelles et historiques sont impliquées dans de nombreux projets et initiatives liés aux commémorations de la Grande Guerre.
Plus d’infos : Musée de la Poste : http://www.ladressemuseedelaposte.fr/IMG/pdf/lemag20.pdf; Fondation La Poste : http://www.fondationlaposte.org/; Comité pour l’Histoire de La Poste : http://www.laposte.fr/chp/; Fédération Nationale des Associations de Personnel de La Poste et de France Télécom pour la Recherche Historique : http://http://www.fnarh.com/.
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