Archive pour juillet 2013

Avec le temps… on ne l’oublie pas : Léo Ferré est parti il y a vingt ans

Vingt ans déjà que Léo Ferré a tiré sa révérence. Un jour de 14 juillet, quelque part en Toscane. Les postes française et monégasque lui ont rendu hommage en émettant des timbres à son effigie. Léo, c’est toujours extra…

Bloc-feuillet "Artistes de la chanson", graphisme Aurélie Baras, photo de Léo Ferré par Patrick Ullman. En médaillon en bas, timbre de Monaco de 2004, dessin de Blaise Devissi.

Bloc-feuillet « Artistes de la chanson », graphisme Aurélie Baras, photo de Léo Ferré par Patrick Ullman. En médaillon en bas, timbre de Monaco de 2004, dessin de Blaise Devissi.

Les célébrations officielles, la catastrophe ferroviaire de Brétigny sur Orge, Le Tour de France, l’émission du nouveau timbre Marianne ont le plus souvent occulté le rappel d’un anniversaire : Léo Ferré est mort il y a 20 ans, le 14 juillet 1993. En une sorte de dernier pied de nez, d’ultime provocation, l’insoumis s’en est allé le jour de la fête nationale française. Comme tournant le dos une fois de plus, et définitivement, aux conventions, aux institutions, à l’ordre…

Né au carrefour de plusieurs frontières (à Monaco, où son père était le directeur du personnel du casino de la principauté), Ferré n’en a jamais eu le goût. S’il s’est éteint (en Toscane, où il était installé depuis près de vingt ans) au moment d’une commémoration patriotique, il avait aussi vu le jour à une date anniversaire marquante, un 24 août (1916), le jour de la Saint-Barthélemy…

Léo Ferré s’est intéressé très tôt à la musique. Dès l’âge de sept ans, il est soprano au sein de la chorale de la cathédrale de Monaco. A quatorze ans, il compose le Kyrie d’une messe à trois voix… Il passera tout de même un diplôme en sciences politiques, mais sa vie se confond avec la musique. Poète, musicien, auteur, compositeur, Léo Ferré a touché des générations très différentes, celles de l’après-guerre (il travaille notamment avec Jean-Roger Caussimon) jusqu’à celles des années 1960 et 1970 (en 1969 la chanson « C’est extra » élargit considérablement son audience auprès des jeunes) où il expérimente aussi le rock anglo-saxon.

En 2001, La Poste a émis un bloc-feuillet consacré à six artistes de la chanson française, dont Léo Ferré. Créé par la graphiste Aurélie Baras, le bloc  fait également apparaître Barbara, Michel Berger, Dalida, Claude François et Serge Gainsbourg. La poste de Monaco a elle aussi rendu hommage au chanteur de l’amour et de l’anarchie, en sortant en 2004 un timbre « Léo Ferré » dessiné par Blaise Devissi. Et le 1er décembre prochain, Monaco émettra à nouveau un timbre dédié à Léo Ferré à l’occasion de la grande bourse internationale qui se déroulera ce jour-là dans la principauté. Vingt après, c’est toujours extra… (RP)

Le panorama des timbres français (salle 11 des collections permanentes) et l’espace Timbres, l’Adresse Musée de La Poste, 34 boulevard de Vaugirard, Paris 15ème.

« Marianne de la Jeunesse » : pour la gravure, Elsa Catelin n’a point son pareil

Autoportrait d'Elsa Catelin. En haut à droite, le poinçon de la "Marianne Lettre verte".

Autoportrait d’Elsa Catelin. En haut à droite, le poinçon de la « Marianne Lettre verte ».

Le blog l’évoquait hier, la Marianne du quinquennat, voulue par le Président de la République « Marianne de la Jeunesse », a été dessinée par Olivier Ciappa. Et elle a aussi été gravée par Elsa Catelin. Rencontre avec une belle artiste. 

La relation d’Elsa Catelin avec la Marianne dévoilée le 14 juillet avait pourtant démarré par une petite déception. Celle de ne pas avoir eu son dessin retenu à l’issue du concours organisé en vue de l’émission de ce nouveau timbre de la République. Quinze autres projets avaient ainsi été sélectionnés en début d’année par un jury d’experts. Et trois d’entre eux, choisis mi-mars par des élèves d’une trentaine de classes de toutes les académies, avaient ensuite été soumis au Président de la République, à qui revenait la décision finale.

Et c’est la Marianne dessinée par Olivier Ciappa  – et David Kawena, son double imaginaire…  – qui l’a emporté (une large majorité des jeunes sollicités s’était aussi prononcée en faveur de ce projet). C’est à ce moment que le léger désappointement initial d’Elsa s’est envolé. « Dès la décision prise, on m’a annoncé que la gravure de cette nouvelle Marianne me serait confiée, raconte-t-elle, j’étais super contente, ça venait récompenser pas mal de travail et d’expérience accumulés depuis déjà des années. »

Titulaire d’une licence d’arts plastiques et diplômée des métiers d’art en gravure de l’école Estienne, Elsa a en effet été recrutée par Phil@poste en 2004. Et y a gravé pas moins de 70 timbres pour la France et l’étranger. « Une opportunité comme ça, c’est rare, et c’était pour moi un gros enjeu, explique Elsa, du coup la pression est vite montée, la mienne et celle de toute l’équipe de Phil@poste. » Quand elle a vu pour la première fois le dessin d’Olivier Ciappa, elle s’est un peu tranquillisée. « C’est un tracé très clair, très dessiné, se souvient-elle, j’ai compris tout de suite que sa gravure pourrait se faire sans difficultés majeures. »

Défi supplémentaire cependant, Elsa a dû graver deux poinçons (les plaques de métal utilisées pour les impressions « taille-douce » sur lesquelles sont reproduits en creux – et inversés – les dessins) : l’un pour la Marianne « Lettre prioritaire » et un autre un peu différent pour la « Lettre verte » (photo médaillon). « J’ai mis 5 jours pour chacun d’eux, à raison de 7 à 8 heures de travail quotidien, indique Elsa, entrecoupées de fréquentes visites de responsables pour voir si tout allait bien ». Et tout est allé bien.

De même pour la mise en page des produits dérivés (souvenir, document et gravure philatéliques… ) dont la création lui a également été confiée. Elsa n’en a pas tout à fait terminé avec la Marianne. Elle travaille déjà sur une déclinaison de la Marianne verte – sur le thème de l’air – qui sera émise à l’occasion de la prochaine Fête du timbre, les 12 et 13 octobre prochains. Et de déception, il n’y a désormais plus trace…  (RP)

Le timbre « Marianne » et toutes ses déclinaisons sont disponibles à l’espace Timbres de l’Adresse Musée de La Poste, 34 boulevard de Vaugirard, Paris 15ème. Tél. : 01 42 79 23 83.

Olivier Ciappa : « J’assume mes sources d’inspiration, mais cette Marianne n’est pas une copie de quelqu’un »

Le dessinateur de la nouvelle Marianne revient sur son travail, ses sources d’inspiration, ses autres collaborations avec La Poste. Et évoque aussi ses projets à venir…

Radios, télés, journaux, blogs, réseaux sociaux… , Olivier Ciappa est depuis deux jours l’objet de toutes les sollicitations. Et de tous les commentaires, de très enthousiastes – ce sont les plus fréquents – à franchement mécontents. D’abord parce qu’il est le dessinateur – avec David Kawena, peut-être un double imaginaire… – du nouveau timbre Marianne, dévoilé dimanche dernier par François Hollande. Mais aussi en raison du début de polémique suscité par ses propos sur les femmes qui l’auraient inspiré pour réaliser son projet.ciappa

Et en particulier Inna Shevchenko, une des fondatrices des Femen, icône féministe dérangeante jusqu’à être parfois honnie.  « J’assume mes sources d’inspiration, mais au final cette Marianne, c’est une sorte de personnage « cartoon », pas une copie de quelqu’un, affirme Olivier Ciappa, c’est une synthèse de toute une série d’idées, de visages, de sentiments aussi. »

Ce n’est pas le premier timbre que l’artiste, également réalisateur et photographe, crée pour La Poste. Depuis deux ans, il collabore ainsi régulièrement – au départ à sa demande – avec les services de Phil@poste. « Sur des thèmes très différents, les poissons tropicaux, les championnats du monde de karaté en 2012, détaille-t-il, tout récemment j’ai aussi illustré le bloc sur le Tour de France 2013, et pour finir cette Marianne. » Dessiner la représentation symbolique de la République, il en rêvait depuis que le projet de Marianne du quinquennat a été lancé il y a plusieurs mois.

« Comme tous les créateurs de timbre, je pouvais participer au concours d’artiste organisé à cette occasion, raconte-t-il, mon idée, c’était de réaliser la Marianne que j’aurais voulu acheter, et quand j’ai su le week-end dernier que mon travail avait été retenu, c’était vraiment un beau moment. » Maintenant, Olivier Ciappa est déjà passé à autre chose (« Aux gens de se l’approprier désormais ce timbre »). Il s’apprête à repartir avec cette fois son appareil photo en bandoulière. Pour faire des clichés – et les exposer – dans des pays où l’homosexualité demeure pénalisée. En homme libre. Comme sa Marianne… (RP)

Le timbre « Marianne » et toutes ses déclinaisons sont disponibles à l’espace Timbres de l’Adresse Musée de La Poste, 34 boulevard de Vaugirard, Paris 15ème. Tél. : 01 42 79 23 83.


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