Archive pour janvier 2017

D’un street artiste l’autre : Jace s’apprête à remplacer Kashink sur la palissade du Musée de La Poste

La fresque de Kashink encore visible quelques jours devant le Musée de La Poste.

La fresque de Kashink est encore visible quelques jours devant le Musée de La Poste.

Photo Charles Devoyer

Kashink en action (Photo Charles Devoyer).

Katre, SP 38, Lenz, Kashink et prochainement Jace…

Les street artistes se succèdent devant le Musée de La Poste.

Pour le plus grand plaisir des passants et des riverains du quartier.

Presque un an déjà que des street artistes investissent les uns après les autres la palissade du chantier de rénovation du Musée de La Poste.

L'affichiste SP 38 devant sa fresque.

L’affichiste SP 38 devant sa fresque.

Katre avait ouvert la voie au printemps 2016, suivi dans la foulée tout l’été par l’affichiste SP 38.

Le toulousain Lenz avait ensuite pris le relais avant que Kashink ne délivre à son tour en fin d’année ses messages haut en couleur.

L’idée était simple : le musée étant fermé pour travaux (mais cependant « ouvert » hors les murs), à défaut de voir des œuvres à l’intérieur, on en montre à l’extérieur.

Le principe de ces réalisations successives se poursuivra pendant toute la durée du chantier.

Une oeuvre de Jace dès la mi-février sur la palissade du musée.

Une oeuvre de Jace sera réalisée mi-février sur la palissade du musée.

Plus que quelques jours pour voir la fresque de Kashink, le travail de la jeune artiste sera bientôt recouvert. Et remplacé à la mi-février par celui de Jace, artiste normand installé depuis des lustres sur l’île de La Réunion.

Là-bas, comme sur tous les continents, il appose sur les murs ses fameux « gouzous », personnages sans traits, avec un peu d’embonpoint, qui portent sur le monde un regard décalé, poétique, humoristique…

A voir dans quelques jours…

Rodolphe Pays

La fresque de Jace sera visible devant le Musée de La Poste, 34 boulevard de Vaugirard, Paris 15ème, du 15 février au 12 juin.

 

Restauration des collections du Musée de La Poste : « l’automate 1900 » comme à la Belle Epoque

img_5890« L’automate 1900 » est une des pièces les plus emblématiques des collections du Musée de La Poste…

Ce distributeur de timbres et de cartes vient d’être restauré par un des meilleurs spécialistes de ce type de mécanismes.

« C’est un objet très technique, très innovant, il y a des dispositifs réellement subtils, des systèmes que je ne connaissais pas, incroyablement ingénieux, c’est vraiment une pièce superbe. »

Le Musée de La Poste a confié à Klaus Lorenz le soin de restaurer son distributeur de timbres et de cartes-lettres, "l'automate 1900".

Le Musée de La Poste a confié à Klaus Lorenz le soin de restaurer son distributeur de timbres et de cartes-lettres, « l’automate 1900 ».

Klaus Lorenz n’en finit pas de s’émerveiller en recensant les différents mécanismes de l’automate de distribution de timbres et de cartes-lettres (les « ancêtres » des cartes postales) dont le Musée de La Poste lui a confié la restauration.

Et pourtant, des automates il en a vu beaucoup d’autres, depuis les dizaines d’années que des musées et des particuliers de France et d’ailleurs font appel à ses services.

Celui dont il s’est occupé est il est vrai un des joyaux des collections du musée. Réalisé par des ingénieurs « maison » pour l’exposition universelle de 1900 à Paris, il a été en service au début du XXe siècle à la mythique poste du Louvre, au cœur de Paris (la restauration entreprise a confirmé cette utilisation opérationnelle).

Un distributeur de timbres et de carte

Un distributeur automatique de timbres équipé d’un pèse-lettre sophistiqué.

Un distributeur automatique, équipé d’un pèse-lettre, d’un humecteur de timbre, qui rejette la monnaie non autorisée… : la prouesse technologique devait être appréciée par les « usagers » de l’époque.

Longtemps présenté dans les salles d’exposition du musée, ce bel exemple de mobilier urbain des PTT d’alors avait forcément souffert des outrages du temps. Une restauration s’imposait.

« J’ai d’abord fait un diagnostic, l’appareil était encrassé, il ne fonctionnait plus, explique Klaus Lorenz, et les interventions précédentes avaient elles-aussi vieilli. »

img_5874En l’absence de toute documentation sur l’automate, le restaurateur a travaillé selon son habitude, en technicien expérimenté.

« J’ai observé, j’ai démonté, j’ai vu quels matériaux avaient été utilisés, beaucoup d’alliages cuivreux, de l’aluminium, de l’acier aussi, détaille-t-il, dans ce type de situation, j’essaie toujours de comprendre comment ça a été assemblé, conçu, quelle dégradation a pu s’installer. »

img_5878C’est là que Klaus Lorenz a découvert l’habileté et l’ingéniosité des concepteurs de la machine.

« Le système de soufflerie qui permet de délivrer les timbres et les cartes est remarquable, comme celui du pèse-lettre, qui grâce à des anneaux superposés indique le tarif d’affranchissement en fonction du poids de la correspondance, apprécie le restaurateur, idem pour le débrayage des tambours de distribution des timbres et cartes et le levier automatique qui bloque l’introduction de monnaie lorsque l’appareil est en rupture de stock. »

img_5892Plutôt que de réactiver les fonctionnalités de l’automate (qui n’a plus vocation à être utilisé), c’est une remise en état de toutes ses composantes – pesée, distribution, monnayeur, socle… – qui a été demandée à Klaus Lorenz.

Beaucoup d’interventions ont ainsi été nécessaires : nettoyage, réparation et fabrication de pièces, réglages, comblement de fissures…

« Chaque élément a été traité et pour finir lubrifié, conclut Klaus Lorenz, pour cette dernière opération, j’ai choisi un produit visqueux plutôt que fluide, l’appareil n’étant pas destiné à fonctionner, la protection sera ainsi supérieure. »

Avec le même intérêt que les usagers de la Belle Epoque, les visiteurs pourront à nouveau admirer « L’automate 1900 » à la réouverture du musée.

Rodolphe Pays

img_5888Klaus Lorenz : restaurateur sans frontière

La notoriété de Klaus Lorenz dépasse largement les frontières. Sa connaissance des automates, sa capacité à « lire » leurs mécanismes, ses savoir-faire sont depuis des années reconnus dans beaucoup d’endroits du monde. Bien avant que ses qualités et expériences professionnelles ne s’exportent, il s’était lui-même déjà affranchi des frontières.

C’est comme une seconde nature pour ce natif de Leipzig, ville située au cœur de ce qui était alors l’Allemagne de l’est. L’homme a de qui tenir. Père et grand-père ingénieur. Klaus Lorenz, lui, ne poursuivra pas aussi longtemps qu’eux ses études. Trop indépendant pour le système, il sera dirigé vers l’apprentissage.

Le retaurateur dans une (petite) partie de son atelier situé dans un village du Lot.

Le restaurateur dans une (petite) partie de son atelier situé dans un village du Lot.

Il sera mécanicien, « hydrauliste », travaillera à l’entretien des équipements du chemin de fer.

« Jeune, je me suis aussi passionné pour la pendulerie, raconte-t-il, à Leipzig, il y avait une abondante littérature sur l’horlogerie, je m’y suis frotté en comprenant la technique. »

Curieux de tout, il s’inscrira aussi à un club de préhistoire, avec lequel il pratiquera des fouilles archéologiques.

« J’ai ensuite rejoint un atelier de restauration à Dresde, poursuit-il, on travaillait pour le musée des Transports, il y avait toutes sortes de véhicules – locomotives, voitures… -, des maquettes, j’ai beaucoup œuvré aussi alors sur des vélos. »

Une autre partie de l'atelier...

Une autre partie de l’atelier…

Passage « à l’ouest ». Klaus Lorenz rejoint Nuremberg. Fait un stage d’anglais (il ne parle alors que l’allemand et le russe, appris à l’école de la RDA). Monte un atelier de restauration.

« On travaillait pour des particuliers et pour les monuments historiques, se souvient-il, on s’occupait de statues de métal, de serrures… » L’expérience dure deux ans. Et tourne court. « Trop  simple , trop tranquille… »

D'autres outil...

D’autres outils…

Klaus aime le contact, discuter, échanger, apprendre… Frontière à nouveau. Il avait des amis qui étaient d’Annecy, il est parti pour la Haute-Savoie.

« Je suis tombé sur des gens super, des assos, des personnes qui m’ont aidé ». Pas si facile au début. C’était l’époque des TUC, les travaux d’utilité collective.

Klaus renoue un temps avec ses premières amours, des fouilles archéologiques, romaines. « J’ai appris le français, je suis devenu vacataire scientifique, se rappelle-t-il, je montrais aux stagiaires comment préserver les objets, travailler avec eux. » Petit à petit, il décroche des contrats.

Au sein de l'atelier qui porte son nom, Klaus Lorenz travaille avec son épouse Catherine, décoratrice, spécialiste en peinture, dorure et cires.

Au sein de l’atelier qui porte son nom, Klaus Lorenz travaille avec son épouse Catherine, décoratrice, spécialiste en peinture, dorure et cires.

Pour le musée du château d’Annecy notamment, où on lui confie la restauration de pièces en métal.

Il rencontre alors une équipe de restaurateurs de peinture murales, achète des bouquins, apprend la maçonnerie. Il postule pour un job à Genève. Mais là, ça n’a pas marché. « Ils voulaient des suisses », sourit-il.

Et tout bascule. Le conservateur des musées du Lot le contacte alors pour lui proposer une tâche qui se révélera déterminante pour la suite : s’occuper des collections de Décamps, la célèbre maison de fabrication d’automates, présentées dans un musée du département, à Souillac.

img_5885« Je suis devenu le restaurateur de ces collections, explique Klaus, des centaines de pièces à restaurer, à surveiller. » Un nouvel apprentissage pour ce boulimique de connaissances.

Déjà 25 ans qu’il travaille pour ce musée. Parallèlement, il a aussi collaboré directement avec la maison Décamps (jusqu’à sa fermeture en 1997), pour la Colline de l’automobile, à la Défense, près de Paris, pour des particuliers…

« J’ai voyagé dans le monde entier pour restaurer des collections d’automates privées », évoque sans forfanterie Klaus. Toujours indépendant, il n’accepte pas tout ce qu’on lui propose. Au musée des automates et du jouet de Neuilly-sur-Seine, il dit non (« C’était pas mon optique »). En revanche, il s’occupe aussi depuis longtemps des collections de poupées automates du musée de Monaco.

« Les objets ne gardent pas leurs secrets, je parviens à les lire, ajoute-t-il, quand j’en observe un, j’imagine comment il aurait pu être autrement, par cette comparaison, on peut comprendre la démarche du créateur, sa logique. » Toujours passionné et affable, Klaus Lorenz a tout de même une inquiétude : que l’on ne se donne pas les moyens de restaurer de façon éthique.

Autrement dit, quelle frontière cette fois, ne pas franchir…

R. P.

Contact :

Atelier Lorenz : 05 65 32 61 91 ou atelierlorenz@aol.com


Entrer votre courriel pour vous inscrire à ce blog et recevoir gratuitement les notifications des nouveaux articles par courriel.

Rejoignez les 182 autres abonnés

Nos sujets

Rodolphe Pays

Les archives

Des chiffres

  • 350 915 visites