
Le relais de Poste des Ormes, dans la Vienne, bâti en en 1752 par le comte d’Argenson, a été en service jusqu’au milieu du XIXe siècle.
S’il demeure toujours de nombreux anciens relais de Poste, peu d’entre eux sont ouverts au public.
Celui des Ormes, dans la Vienne, reçoit lui des visiteurs.
Et le Musée de La Poste apporte son concours aux animations qui y sont organisées.
Elle fait partie du paysage, y est intimement liée. Et depuis si longtemps. Au point qu’on en oublie parfois son importance, son rôle, son « ancienneté ». A tort. Le sempiternel syndrome de l’habitude sans doute.
Pourtant, fondée par la volonté du roi – d’abord pour son service exclusif -, puis progressivement ouverte à toutes les populations, présente ainsi depuis des siècles partout sur le territoire pour accompagner la vie économique, administrative et privée du pays et de ses habitants, la Poste est une institution qui occupe une position singulière : son histoire se confond avec celle de la France. Quel autre organisme public ou entreprise pourrait en effet se prévaloir d’une telle antériorité et d’une utilité si universelle ?
Cette étroite proximité, cette implication de la Poste dans le développement et les échanges au fil du temps se cristallise parfois au travers de lieux. L’ancien relais de Poste des Ormes, dans le département de la Vienne, symbolise pour une part l’imbrication séculaire de la Poste dans la société française.

Philippe et Anne de Logivière (descendante de François Marquet, le dernier maître de Poste du relais) font revivre les Ormes en proposant au public des visites et des animations, notamment musicales.
Bâtie au milieu de XVIIIe siècle par le comte d’Argenson, propriétaire de la baronnie des Ormes, secrétaire d’Etat à la guerre et… surintendant des Postes, la demeure apparaît dès son édification tout entière dédiée aux chevaux.
« C’est à l’époque un haras, avec un vaste manège à la voute en panier lambrissée et de grandes écuries, détaille Anne de Logivière, propriétaire du domaine et descendante du dernier maître de Poste qui y a officié, et c’est aussi un relais de Poste, avec des pièces réservées aux postillons en attente de courses, des espaces où les chevaux de la Poste étaient soignés et parqués. »
La vocation de cet édifice remarquable – un quadrilatère majestueux et élégant de 70 mètres de côté – s’étend aussi à l’accueil des voyageurs s’arrêtant au relais, avec des chambres mises à leur disposition, des salles de restauration.

Le relais de Poste a aussi abrité un temps la maréchaussée. En témoignent les plaques numérotant les chambrées.
Autre affectation, le relais servira un temps de casernement à la maréchaussée. Plusieurs plaques « dans leur jus » indiquent toujours les numéros de chambrées…
Des graffitis dans certains greniers attestent également de la présence de partisans de la monarchie (prisonniers, fugitifs… ?) pendant la Révolution.
Des « Vive le Roy » gravés sur les pierres, parfois rayés par des opposants à l’ancien régime, des dates, des noms…
Plus d’un siècle et demi plus tard, contraints à l’exode par l’occupation lors de la Seconde Guerre mondiale, des réfugiés venus de l’est de la France marqueront eux-aussi leur présence sur les murs du relais. Leurs noms, leur village d’origine et des remerciements à l’égard des propriétaires du lieu qui les ont hébergés restent aujourd’hui encore visibles…
« C’est un endroit chargé d’histoire, un terme que l’on peut décliner au singulier comme au pluriel, poursuit Anne de Logivière, ce sont ainsi les faits marquants comme les anecdotes que nous essayons de relater via les événements et les visites que nous proposons au public. »

Le Musée de La Poste a réalisé pour le relais de Poste des Ormes une série de panneaux exposée en permanence dans l’ancien manège du domaine.
Le Musée de La Poste s’associe à la démarche. Il a notamment réalisé une série de panneaux expliquant l’histoire et le fonctionnement du relais qui est présentée en permanence dans l’ancien manège (aux côtés de pièces et d’objets tels que des bottes de postillon, grelots de chevaux… ).
Une exposition temporaire sur le thème de la poste aux chevaux conçue par le musée a également été installée à l’attention des visiteurs.
« Au-delà de ces informations appréciées par les gens qui viennent ici, nous avons pu organiser des conférences données par des historiens du Musée de La Poste, complète Anne de Logivière, des séances qui prenaient tout leur sens dans ce cadre approprié. »
Si relativement peu de mobilier subsiste de l’activité du relais, en revanche plusieurs documents et fac-similés sont conservés aux Ormes.
Des livres de poste notamment, qui listaient les relais et indiquaient leurs règlements.
Des registres d’ordre et de police aussi. Sur ces cahiers figurent les récriminations éventuelles des utilisateurs de voitures postales, leurs remarques, leurs félicitations le cas échéant.
Y étaient également consignées les indications des inspecteurs chargés de la surveillance des lignes postales (en l’occurrence Paris-Bordeaux ou Paris-Poitiers) : relevés des plaintes, âges, anciennetés et qualités des postillons, nombre, état des chevaux…
Autant d’informations qui à leur manière ancraient l’activité de la Poste aux chevaux et de leurs relais dans le quotidien de la société française.
Et rappellent concrètement l’importance et le rôle (déjà) de la Poste dans le paysage économique et social de l’époque…
Rodolphe Pays
Un relais bâti en 1752… le long de la future Nationale 10
Au milieu du XVIIIe siècle, la route reliant Paris à Bordeaux passait à l’est des Ormes, commune située au nord de Châtellerault.
Propriétaire de la baronnie locale, l’influent comte d’Argenson, ministre de la guerre de Louis XV et surintendant des postes, a fait déplacer ce qui deviendra plus tard la Nationale 10 afin que celle-ci traverse son village. Et que les véhicules de la Poste aux chevaux fassent halte au relais de Poste qu’il a fait bâtir en 1752.
Quelques dizaines d’années plus tard, en 1824, François Marquet, alors maître de Poste du relais des Ormes, rachète la propriété à la famille d’Argenson.
Le relais fonctionnera jusqu’en 1851… la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux sonnant alors le glas de cette route de Poste. C’est le début de la fin : le 31 mai 1873, les relais de Poste seront officiellement supprimés.
Anne de Logivière, actuelle propriétaire du relais des Ormes, est la descendante de François Marquet.
Festival de musique de chambre
Depuis une dizaine d’années, Philippe et Anne de Logivière, les propriétaires du relais des Ormes, organisent chaque été un festival de musique de chambre intitulé Aux Ormes Mozartiens !.
Les concerts sont donnés dans l’ancien manège du relais, dont l’acoustique est remarquable. Des interprètes de grande qualité et une programmation exigeante ont fait la renommée de ce rendez-vous annuel.
En savoir plus : http://www.laposteauxchevaux.com
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