Jouée au Vieux-Colombier l’automne dernier, la pièce 7 minutes de Stefano Massini est reprise en région parisienne.
En ce moment au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et en novembre au théâtre public de Montreuil. Et toujours avec des actrices du Français.
A voir absolument…

Sept minutes. Sept petites minutes. Simplement une pause raccourcie. Pas plus que ça. Ca ne fait pas plaisir, non bien sûr, pour autant, ce n’est pas grand-chose. Pas la mer à boire au fond. Si ça permet de garder son boulot, y a pas de sujet, pas trop…
Elles sont onze à réagir, à se rassurer, à s’autoconvaincre. Onze femmes qui travaillent dans une entreprise de textile, quelque part en France. Majoritairement des ouvrières, quelques « employées » aussi, des jeunes, parfois mariées, mères de famille, et puis des anciennes… Toutes membres du comité d’usine consulté pour certaines décisions de la direction.

« Elles sont onze à se rassurer, à s’autoconvaincre… » (photo du salut l’automne dernier au Vieux-Colombier).
Une décision, elles aussi en ont une à prendre. Et sur le champ. A la demande des repreneurs de l’usine. L’affaire paraît simple, les nouveaux patrons ne changent rien, site et emplois maintenus. A une seule « petite » condition quand même, presque rien, une peccadille. On passe de quinze minutes de pause à huit.
Ce sont ces sept minutes « perdues » qu’elles commentent, s’apprêtent à valider. Elles sont toutes d’accord (ça mange pas d’pain, on craignait tellement plus… ). A une exception près. Leur représentante, Blanche (magnifique Véronique Vella), qui a assisté à la séance des « costumes-cravate » réunis pour évoquer l’avenir de l’usine, et est en charge de transmettre le deal proposé.

Elles sont toutes d’accord…
A une exception près, leur représentante, Blanche (magnifique Véronique Vella).
Elle a de la bouteille, Blanche, elle en a vu d’autres, des anguilles sous les roches, des entourloupes, elle s’interroge, sent le piège, les pièges, subodore l’acquiescement hâtif de ses collègues, s’en inquiète.
Elle ne leur propose pas de réponses, de solutions, elle les invite simplement à réfléchir, à creuser, à comprendre, à se projeter. A ne pas foncer tête baissée. A voir ce qu’il peut y avoir derrière, après…
Elles parlent, se dévoilent, s’accrochent, s’invectivent, se jalousent, s’insultent, apprennent des autres, reviennent en arrière, sont dans le doute, baissent les bras, se reprennent… Se décident…
Pour, contre… Il faut voter, elles votent… Cinquante/cinquante… Reste une voix, la dernière… La jeune femme se lève…
Texte et photos Rodolphe Pays
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7 minutes, de Stefano Massini (auteur, conseiller artistique du Piccolo Teatro de Milan), mise en scène Maëlle Poésy. Avec Véronique Vella, Sylvia Bergé, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Elise Lhomeau…
Jusqu’au 22 octobre au théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis : https://tgp.theatregerardphilipe.com/
Du 9 au 13 novembre au théâtre public de Montreuil : https://theatrepublicmontreuil.com
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