Le créateur de mode et designer Jean-Charles de Castelbajac est aussi dessinateur de timbres. S’il n’est pas lui-même collectionneur, il entretient depuis l’enfance un lien particulier avec le timbre, objet sentimental, medium de connaissance et de culture… et œuvre d’art.
Il raconte comment il est « fasciné par la force de si petits objets ».
« Le timbre, c’est un lien vital de ma vie, ça remonte à l’enfance lorsque j’étais en pension. Avant même de lire les lettres que je recevais, c’est le timbre, ses couleurs, ses images qui m’enchantaient. C’était une vraie relation sentimentale.
Le timbre n’est pas un medium comme un autre, c’est un medium plus qu’un autre, c’est d’abord historique, c’est de la mémoire, un voyage dans le temps. Les deux expositions actuellement proposées en partenariat par le Musée de La Poste, qui associent les timbres avec l’histoire et l’architecture, en témoignent. Elles contribuent à la connaissance, à la compréhension, et c’est important, nécessaire…
Avec le « Bleuet de France », le premier timbre que j’ai dessiné pour La Poste, j’ai voulu rendre un hommage à tous les soldats, à ces jeunes gens si courageux.
Et c’est aussi à travers eux un hommage à tous ceux de ma famille qui ont servi la France.
Avec une pensée particulière pour Blanche, ma grand-mère, qui lors de la Première guerre mondiale faisait transporter à ses propres frais des victuailles pour les soldats.
Le pétale rouge en forme de cœur du timbre « Bleuet », je l’ai dessiné en pensant au « Dormeur du val » de Rimbaud, au sacrifice qu’il symbolise.
Le bleu et le jaune, les couleurs de La Poste, j’y suis aussi viscéralement attaché. Ce sont celles des vitraux et de nombre d’œuvres qui nourrissent mon imaginaire. Je les ai d’autant plus utilisées pour le timbre « Cœur 2015 » que La Poste m’a demandé de concevoir.
Dans ce dessin, j’ai voulu que les deux personnages s’embrassent de manière poétique, pudique. Un peu comme l’auraient fait Peynet ou Savignac, des dessinateurs injustement oubliés aujourd’hui, avec émotion et tendresse. Et puis, il faut le dire, j’ai adoré travailler avec La Poste, j’ai adoré ce tissu social…
Oui, j’aime le timbre, j’ai toujours été fasciné par la force d’un si petit objet. »
Propos recueillis par Rodolphe Pays
Jean-Charles de Castelbajac a illustré la couverture de l’édition 2015 du Larousse.
Et il sera présent du 20 au 24 mai au festival « Art Rock » de Saint-Brieuc avec « Fantômes », une performance qu’il a conçue et à laquelle seront associés le musicien Mr NÔ et le bagad de Saint-Brieuc.
« Mémoires Gravées », une exposition qui raconte la guerre 39-45 à travers les timbres proposée en partenariat par le Musée Leclerc-Musée Jean Moulin et le Musée de La Poste, jusqu’au 8 novembre, Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris-Musée Jean Moulin, 23 allée de la 2ème DB, Paris 15ème.
« Archi-Timbrée », un parcours philatélique et architectural proposé en partenariat par la Musée des Monuments français et le Musée de La Poste, jusqu’au 21 septembre, Cité de l’architecture & du patrimoine, 1 place du Trocadéro, Paris 16ème.
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