Archive pour mars 2017

Gauthier Toulemonde, le patron de Timbropresse, pilote sa rédaction du fin fond du désert d’Oman

Editeur de publications philatéliques, et à ce titre partenaire à l’occasion du Musée de La Poste, Gauthier Toulemonde ne fait pas que voyager à travers les timbres.

Il est depuis quelques semaines au cœur du désert d’Oman. Seul. Mais pas pour autant coupé du monde.

Ce n’est pas désobligeant de le dire, il ressemble à son patronyme. Toulemonde… Rien d’excentrique apparemment chez lui. Simplement une élégance discrète, pas vraiment affectée, un rien « vieille France ».

Sa conversation apparaît – sur la forme toujours, sur le fond le plus souvent – tout aussi mesurée, policée. Gauthier Toulemonde n’a que faire de l’emphase. Ses mots sont précis, choisis, sans forfanterie, alignés sur le même ton. Pas d’écart, de brusquerie, d’emportement… Pas de bavardage non plus.

Mais on constate sans tarder que l’homme « posé » bouillonne d’intelligence, de discernement. Derrière le sourire à peine esquissé, de la compréhension amusée aussi. Une caractéristique qui est déjà une indication, comme un peu de voile soulevé…

Gauthier Toulemonde s’est installé pour vivre et travailler quelques semaines dans le désert d’Oman.

Tranquille, oui. Mais ce n’est pas l’homme qui l’est, c’est l’aventurier. Pas un faiseur, un « héros » de circonstance. Authentique. Et depuis longtemps.

On ne le rencontrera pas ces temps-ci dans l’est parisien, où se trouvent les locaux de Timbropresse, entreprise qu’il dirige depuis plus de 15 ans.

D’ailleurs qui le rencontrerait ? Il séjourne – le mot est particulièrement impropre – depuis près d’un mois quelque part dans le désert du sultanat d’Oman. Seul, son chien comme unique compagnon.

Un des objectifs de Gauthier Toulemonde est de montrer que grâce aux nouvelles technologies il est possible de travailler autrement.

Que diable va-t-il faire dans cette galère ? Pas moins de 50 ° degrés dans la journée, des tempêtes de sable qui vous dévorent, des bestioles peu amènes qui rêvent d’en faire autant…

Le récidiviste – en 2013, il avait passé près d’un mois et demi sur une île déserte et plutôt inhospitalière d’Indonésie – veut se trouver, se retrouver, prendre le temps de réfléchir, d’envisager les choses sous des angles nouveaux… Et paradoxalement favoriser ou renouveler le contact avec les autres. Avec ses collaborateurs, ses proches. En déléguant, en faisant confiance, en échangeant différemment…

C’est à distance que le patron de  » Timbres magazine  » prépare le nouveau numéro de sa revue.

Parce qu’un des objectifs de Gauthier Toulemonde, à travers ces expériences de vie recluse et éloignée, c’est de continuer à travailler à distance. Et en totale autarcie. Pour cela, il n’est pas parti les mains vides. Alimentés par l’énergie solaire : capteur d’internet, téléphone satellite, caméras…

Autant de technologies contemporaines qui lui permettent de rester en contact avec son équipe et de préparer les nouvelles publications de son groupe d’édition spécialisé dans le domaine de la philatélie.

« L’idée du télétravail, du réaménagement des territoires, du repeuplement des régions, de favoriser toutes les insertions, c’est aussi ce qui m’intéresse dans cette démarche, explique-t-il, et pas seulement le fait de vivre une expérience personnelle, de stimuler ma réflexion. »

Gauthier Toulemonde a aussi participé à l’aventure Planet Solar.

Les expériences, les aventures, Gauthier Toulemonde les multiplie depuis des années. Il a rejoint Jean-Louis Etienne sur l’atoll de Clipperton, en plein Pacifique.

Il a fait des reportages au pôle nord géographique. Participé à une étape du périple Planet Solar (tour du monde sur un catamaran propulsé grâce à l’énergie solaire). A remonté le Maroni, en Guyane. Est allé un grand nombre de fois au Kenya, son « deuxième » pays… Liste non exhaustive comme on dit…

Pas étonnant que les hors-séries de Timbres magazine, la publication phare de son groupe de presse, soient aussi passionnants : depuis le temps que Gauthier Toulemonde parcourt le monde, essaie de le comprendre, il possède bien ces sujets.

Dans quelques semaines, il sera de retour. Il revêtira à nouveau son habit d’homme tranquille. Pour combien de temps ?

Rodolphe Pays

Pour en savoir plus : http://www.webrobinson.fr/

 

C215 et SP 38 : deux street artistes dont le Musée de La Poste suit toujours l’actualité

SP 38 l’automne dernier dans son atelier de Séoul.

SP 38 et C215 : deux street artistes dont le Musée de La Poste suit le cheminement et le succès.

Le premier a terminé récemment une résidence en Corée du Sud.

Le second est actuellement exposé à Nice, au musée national du sport.

C215 lors du vernissage de l’exposition « Athlètes : carte blanche à C215 ».

Depuis des années, tous deux ont déjà fait beaucoup de chemin. En France et bien au-delà.

Leur travail est désormais apprécié dans de nombreux endroits du monde, et leur notoriété, auprès du grand public comme du milieu de l’art, ne cesse de s’affirmer.

Le Musée de La Poste suit leur parcours depuis pas mal de temps. C215 figurait parmi les artistes que le musée avait présentés en 2013 lors de son expo Au-delà du street art (depuis il a aussi dessiné plusieurs timbres pour La Poste).

Et SP 38 a signé l’été 2016 une immense fresque sur la palissade du chantier de rénovation du musée.

Mais c’est notamment en Corée du Sud que SP 38 a récemment exercé son talent.

En résidence deux mois à Séoul l’automne dernier, il a mené un vaste projet baptisé « Hide and Seek » (cacher et chercher).

Et apposé ses affiches dans les rues, le métro, sur des bâtiments abandonnés, animé des ateliers avec des enfants…

Tout comme Berlin, où il réside depuis des années, Séoul est aujourd’hui parsemée des messages et de la typographie de l’artiste.

C215 est lui présent au musée national du sport, à Nice. Avec une exposition elle-aussi particulièrement originale intitulée Athlètes : carte blanche à C215. L’artiste y présente autour de 75 pochoirs réalisés pour la plupart sur des supports uniques – vêtements, accessoires… – utilisés par les sportifs eux-mêmes.

Un accrochage dédié à Camille Muffat, Florence Arthaud et Alexis Vastine, trois athlètes décédés en 2015 au cours du tournage d’une émission de télévision.

Deux artistes passionnés et passionnants dont le Musée de La Poste continuera de suivre le remarquable parcours…

Rodolphe Pays

Expo « Athlètes : carte blanche à C215« , jusqu’au 21 mai, musée national du sport, Nice.

 

Télégraphe Chappe : la « station » de Saverne toujours debout

La « station » du télégraphe Chappe de Saverne (67).

Le Musée de La Poste l’évoquera à nouveau à sa réouverture : le télégraphe aérien a été inventé et mis au point par Claude Chappe à la fin du XVIIIe siècle.

Plusieurs « stations » de ce premier réseau de télécommunications continuent d’être ouvertes au public. Dont celle de Saverne, dans le Bas-Rhin.

Visite guidée et commentée.

C’est à la communication spirituelle que semblait se destiner Claude Chappe. Après ses études au collège royal de La Flèche, il devient en effet prêtre. Le jeune ecclésiastique n’aura cependant guère à transmettre de « bonnes paroles » : nommé abbé commendataire (sans obligations religieuses), il jouit ainsi de « bénéfices » qui lui permettent d’ouvrir… un cabinet de physique à Paris.

La Révolution mettra un terme à cette confortable situation. Chappe retourne alors dans la Sarthe et y poursuit ses recherches scientifiques et techniques. Et s’intéresse en particulier à la communication, terrestre cette fois.

Il met ainsi au point un dispositif de transmission de données. Le télégraphe Chappe, premier réseau de télécommunications au monde, était né.

Copié un peu partout en Europe et ailleurs, il s’avérera le plus efficace jusqu’à l’avènement quelques dizaines d’années plus tard de la Fée électricité.

Son principe s’apparente finalement à celui des relais de poste : un peu à la manière des courriers acheminés – à cheval ou en malle-poste – d’un point à un autre via une succession de relais, les messages que prend en charge le télégraphe aérien de Chappe sont délivrés après avoir été reproduits par une série de « stations ».

Sur le toit de ces stations (en général de petites tours) éloignées les unes des autres de 10 à 15 km – toutes bâties sur une hauteur afin d’être en vue de la précédente comme de la suivante – sont fixés un grand et deux petits bras articulés.

Verticales, horizontales, diagonales : au total une centaine de positions différentes peut être utilisée. Et identifiée d’une station l’autre à la longue-vue.

Gilbert Rhim actionne les « bras » de la station (au fond à gauche le tableau des positions de transmission de message).

« Ce n’est pas un alphabet dont il s’agit, à chacune de ces positions ne correspond pas une lettre mais un mot ou un groupe de mots, explique Gilbert Rhim, bénévole de l’association qui entretient et fait visiter l’ancienne station Chappe de Saverne, dans le Bas-Rhin, le système étant exclusivement réservé aux messages officiels politiques ou militaires, on transmettait ainsi une suite d’expressions telles que « Décret à placarder », « Banqueroute », « Prendre toutes les précautions » ou encore « Besoin de munitions de tel type », ces éléments mis bout à bout et reconstitués à l’arrivée étaient autant d’informations et de directives le plus souvent urgentes émanant des autorités de l’époque. »

Chaque station est équipée de deux longues-vues, l’une tournée vers la station précédente pour observer les signaux transmis, l’autre vers la suivante pour vérifier l’exactitude de ceux relayés.

En quelques positions, on pouvait de la sorte faire passer des ordres ou des communiqués courts ainsi que des textes même relativement longs.

Plusieurs lignes de télégraphe sont créées au milieu des années 1790. Entre Paris et les ports militaires – Brest, Cherbourg… -, les villes situés aux frontières – Lille, Strasbourg, Perpignan…

« De la capitale à Strasbourg, on comptait une cinquantaine de stations, indique Gilbert Rhim, au départ deux opérateurs étaient à la manœuvre dans chacune d’elle, souvent d’anciens militaires, un qui regardait à la longue vue les signaux transmis et l’autre qui les reproduisait à l’aide d’un système de poulies actionnant les bras, mais au bout d’un moment, économie oblige, un seul d’entre eux a été maintenu. »

Gilbert Rhim et les autres membres de l’association du télégraphe Chappe de Saverne effectuent des démonstrations à l’intention des visiteurs.

Pour les autorités qui usent de ce service, le gain de temps est considérable : alors qu’une malle-poste achemine un courrier de Paris à Strasbourg en 4 à 5 jours, un texte relayé par le télégraphe aérien ne met lui que 4 à 5 heures pour parvenir à son destinataire. Et en toute sécurité.

Le contenu des messages n’est en effet pas identifié par les opérateurs. Leur compétence se limite simplement à la manœuvre. Seuls les directeurs de lignes, à l’arrivée et au départ, connaissent la teneur des informations transmises.

Le télégraphe de Claude Chappe (à la réalisation et la promotion duquel plusieurs de ses frères ont également contribué) sera opérant jusqu’au milieu du XIXe siècle. Le télégraphe électrique lui succédera ensuite.

Attenant à la tour du télégraphe, un petit musée permet d’en savoir plus sur l’inventeur du système, l’histoire du réseau et son fonctionnement.

Reste de ce réseau pionnier quelques vestiges. Une vingtaine de stations entretenue par des passionnés demeure en état et peut être visitée.

C’est le cas de celle de Saverne (rénovée au milieu des années 1960), dont s’occupe une association que Gilbert Rhim a rejointe il y a une dizaine d’années. Un peu par hasard.

Ingénieur en retraite domicilié à Saverne, c’est au cours d’une balade en forêt qu’il l’a découverte. « Quelque temps plus tard, j’ai lu une annonce dans une publication locale indiquant que l’association était à la recherche de bénévoles, raconte Gilbert, ça m’a intéressé, je me suis dit que je pouvais sûrement apprendre des choses et être utile. »

Le tableau des différentes lignes du télégraphe indique les lieux desservis, essentiellement des ports militaires et des villes frontières.

Depuis, avec plusieurs autres membres, il participe régulièrement à la vie de l’association et de la station.

En effectuant de la maintenance en hiver – réparation, entretien, nettoyage… – et en assurant des permanences de guides aux beaux jours (la station est ouverte au public de mai à septembre). Une tâche qu’il apprécie beaucoup.

« Le télégraphe est à immédiate proximité du château du Haut-Barr et sur le passage d’un sentier de randonnée, explique-t-il, forcément ça attire du monde, nous avons à chaque saison plusieurs milliers de visiteurs, des gens venus en famille ou en groupe, et pas si rarement même de l’étranger, comme ces touristes qu’un Tour opérateur finlandais amène sur place tous les ans. »

Ces visiteurs venus de pays européens et même parfois plus lointains ne troublent pas Gilbert. Quand il ne parlent pas le français, il les accueille et fait ses commentaires soit en anglais, soit en allemand.

« J’essaie de proposer une visite interactive, avec des questions, des échanges, documentée, souriante aussi, détaille-t-il, que ce soit dans la station elle-même comme dans le petit musée attenant où une quinzaine de vitrines permet d’en savoir plus, sur Chappe, l’implantation des lignes… »

Une manière de communiquer que n’aurait pas désavoué Claude Chappe…

Rodolphe Pays

Tour de l’ancien télégraphe Chappe, Le Haut-Barr, SAVERNE (Bas-Rhin).

Ouvert de la mi-mai à la mi-septembre (jusqu’aux Journées du patrimoine). Tél. : +33/0 3 88 52 98 99 – Fax : +33/0 3 88 52 18 11.

 


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