Gaston Tissandier, constructeur et pilote réputé de ballon, a embarqué le 30 septembre 1870 à bord du Céleste.
Avec lui à bord, 80 kg de courrier, 3 pigeons et des tracts à lâcher au-dessus des lignes prussiennes qui assiègent la capitale.
La nacelle du ballon, qui figure dans les collections du Musée de La Poste, fait actuellement l’objet d’une restauration.
« Le ballon était dans un état déplorable, a raconté Gaston Tissandier à l’époque, mais j’avais promis de partir pour emporter des dépêches urgentes. » Accompagné de ses frères, il quitte son domicile à 5 h du matin.
Arrivé sur le lieu d’embarquement, au parc de Vaugirard, au cœur de Paris, il constate que l’étoffe du ballon est « gelée, roide et cassante… et criblée de trous ». Une couturière procède à quelques réparations, on colle aussi des bandelettes de papier.
Le vent est favorable, il souffle de l’est, le ballon devrait se diriger vers la Normandie. Ernest Picard, alors ministre de l’Intérieur, informe Gaston Tissandier de l’importance des dépêches qu’il transporte à l’attention du gouvernement replié à Tours.
Il indique à l’aérostier que celui-ci devrait dans toute la mesure du possible brûler ou encore avaler ces lettres en cas de danger ou de risque de capture.
A 9 h, le ballon est gonflé, on hisse le courrier. Van Roosebeke, chargé des pigeons, donne quelques consignes à Tissandier. « A l’arrivée, donnez-leur à boire et quelques grains de blé, lui dit-il, et ensuite vous attacherez à leur queue un message pour dire que vous êtes bien arrivé. »
Tissandier monte à bord du ballon, embrasse ses frères. Il décolle, atteint rapidement 100 mètres d’altitude. Paris lui semble désert, triste, tous les ponts sont détruits…
Les pigeons, inquiets, gémissent. Le vent pousse effectivement à l’ouest. St Cloud est survolé, puis Versailles. Altitude 1600 mètres. Les prussiens sont dessous. Tissandier racontera la joie qu’il a alors éprouvée en pensant que les lettres qu’il transportait ne seraient pas arrêtées par l’ennemi.
Il lance par dessus bord les tracts en allemand à destinations des soldats prussiens, se fait tirer dessus. Il jette à nouveau des tracts, arrive sur Houdan, puis se débarrasse d’un sac de lest.
Tissandier dira qu’il a alors commencé à avoir froid. Il se déleste encore et commence sa descente. Il est trop bas, à 500 mètres. Il se fait à nouveau tirer dessus, mais le vent vif l’éloigne rapidement.
Il aperçoit Dreux, descend aussi bas qu’il est possible, à quelques dizaines de mètres du sol, parvient à demander à des personnes si des prussiens sont dans le secteur.
On l’informe que non, qu’il peut descendre. Il percute un monticule, rebondit, remonte et finit par se poser sans trop se blesser.
Une voiture viendra le chercher, l’emmènera au bureau de poste où il déposera le courrier, puis à la sous-préfecture. Après les avoir alimentés, il attachera à leurs queues les messages à destination de Paris. Mission accomplie.
Rodolphe Pays
Restauration de la nacelle du « Céleste »
La nacelle du ballon « Le Céleste » figure dans les collections du Musée de La Poste.
Elle a longtemps été présentée au public et est actuellement en cours de restauration.
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