La deuxième guerre mondiale vue à travers les timbres : c’est l’exposition que présentent à partir de début mars le Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris-Musée Jean Moulin et le Musée de La Poste.
Christine Levisse-Touzé, directrice du Musée Leclerc-Jean Moulin, dévoile le contenu de l’accrochage et évoque comment les équipes des deux musées ont travaillé en partenariat.
Le Musée Leclerc-Jean Moulin et le Musée de La Poste se sont associés pour proposer cette exposition sur la guerre 39-45. Comment est née l’idée du projet ?
Nos deux musées entretiennent depuis des années des relations étroites. Nos expertises historiques communes et l’apport scientifique du Musée de La Poste nous ont ainsi conduits à travailler ensemble à plusieurs reprises. Cette proximité et cette complémentarité se sont par exemple concrétisées par un prêt du Musée de La Poste dans le cadre d’une exposition temporaire que nous avions organisée en 2011 sur le thème « L’Outre-Mer français dans la guerre 39-45 ».

Le panorama des timbres-poste français sera présenté au Musée Leclerc-Jean Moulin à l’occasion de l’exposition « Mémoires Gravées ».
Et c’est lorsque nous avons récemment envisagé de monter chez nous le panorama des timbres français du Musée de La Poste, qui en raison de travaux de rénovation ne le présente plus, que l’idée de cette exposition a fait son chemin. Parmi les 5000 timbres du panorama, il y en a un certain nombre qui évoque la guerre 39-45. Nous avons alors souhaité montrer les dessins originaux de ces timbres accompagnés d’informations autour des thèmes qu’ils abordent…
La deuxième guerre mondiale est habituellement racontée à l’aide de documents d’époque – photos, films, affiches… Qu’apporte la philatélie ?
D’abord, cela révèle une chose que le public n’imagine pas toujours : le timbre n’est pas seulement un objet de mémoire, mais il est aussi une marque du pouvoir régalien. Et cette exposition historico-philatélique relate bien comment la guerre a été un enjeu de souveraineté. Les timbres « Pétain » officiels comme les faux réalisés au profit de la Résistance en sont un exemple frappant.
Tout comme le timbre dit « Marianne de Londres », conçu en 1941 à la demande du général de Gaulle et utilisé en France dès septembre 1944. Ou encore la manière dont via les timbres on a honoré après la guerre de Gaulle, Leclerc ou Jean Moulin ou dévoilé les lieux de déportation.
Les choix esthétiques des artistes sollicités ne sont pas neutres non plus. Souvent figuratifs, ils contribuent aussi à donner des clefs de compréhension, à porter des regards singuliers, à aborder certains aspects des personnalités et des environnements liés au conflit.
Comment s’est passée la collaboration entre les deux musées ?
Nous avons véritablement travaillé en partenariat, ce qui a été déterminant pour mener à bien ce projet. Chacun a ainsi apporté sa marque, son savoir-faire. Cela a été du début à la fin une réelle coproduction. Tout à fait logiquement, concernant la connaissance historique de la période, c’est notre musée qui a pris davantage la main, et pour tout ce qui concerne l’expertise scientifique et artistique, c’est plutôt le Musée de La Poste qui a été à la manœuvre.
Pour ce qui est des textes des cartels, des biographies et de tous les supports créés dans le cadre de l’exposition, si la rédaction nous est assez largement revenue, de nombreux allers-retours entre nos équipes ont réellement fait de ces documents une réalisation commune.
Propos recueillis par Rodolphe Pays
« Mémoires Gravées », du 12 mars au 8 novembre, Musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris-Musée Jean Moulin, 23 allée de la 2ème DB, Paris 15ème (tél. 01 40 64 39 44).
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