Nicole Bayle pratique à la fois la peinture, l’art postal et le « jacquard » démesuré.
Trois disciplines que cette ex-professeure d’arts plastiques exerce quotidiennement à Dieppe, sa ville d’adoption. Portrait.

Artiste pluridisciplinaire, Nicole Bayle vit et travaille à Dieppe depuis plusieurs dizaines d’années.
Il y a un côté « titi » parisien chez elle. Dans la pointe d’accent qu’elle conserve, alors qu’elle est installée depuis maintenant de nombreuses décennies en Normandie.
Dans son débit toujours ultra rapide. Dans son humour aussi, mélange d’autodérision, d’ironie, de discernement amusé et un rien rigolard.
On ne se refait pas : Dieppoise d’adoption, Nicole Bayle demeurera toujours un peu une fille du dix-huitième arrondissement de Paris, où elle a passé toute sa jeunesse.
Une différence de « tonalité » qui se vit aussi à l’occasion au quotidien.
« On a beau habiter ici depuis des lustres, être intégrée comme on dit, beaucoup aimer la région, explique-t-elle, on ne fait quand même pas tout à fait partie de la famille, les locaux ont leurs habitudes à eux, entre eux. »
A la décharge des autochtones hauts-normands, il faut aussi admettre que Nicole Bayle – et c’est de sa part parfaitement assumé – reste en général délibérément sur sa réserve, cultive une misanthropie argumentée.
« Je ne sors pas, je ne les repousse pas, mais je ne vais pas spontanément à la rencontre des gens, confie-t-elle, le monde en général me consterne, je m’en tiens plutôt à l’écart, c’est l’art qui me sauve. » Un art qui est sa raison de vivre depuis l’enfance. « Je ne viens pas d’un milieu d’artistes, mais très tôt, dessiner, créer s’est imposé à moi », dit-elle.
C’est aussi dans la capitale qu’elle a suivi ses longues et remarquables études. L’artiste pluridisciplinaire – peintre, adepte du mail art, tricoteuse de jacquards géants… – les a toutes faites, toutes réussies.
Les Arts appliqués, les Arts déco, les Beaux-arts… Pas une école ne lui a résisté, et elle n’a résisté à aucune d’elles.
La pratique, mais aussi la théorie. A la fac, Nicole Bayle a enrichi son cursus d’histoire(s) de l’art.
Si elle a commencé très tôt à réaliser des œuvres – peintures, dessins… -, il fallait cependant aussi assurer le quotidien. Elle est alors devenu enseignante en arts plastiques (on disait à l’époque prof de dessin).
D’abord à Paris en tant que maître auxiliaire. Et c’est ensuite qu’elle a été nommée titulaire dans un établissement de Saint Nicolas d’Aliermont, tout près de Dieppe.
C’était en 1978. Et elle y a fait toute sa carrière, autant professionnelle qu’artistique.
Parallèlement à son activité d’enseignante, Nicole Bayle n’a en effet cessé de peindre. Le plus souvent à l’huile. Des paysages, toutes sortes de scènes.
« A travers mes 10 années d’études et tout ce que j’ai pu observer par la suite, j’ai emmagasiné un matériau considérable, raconte-t-elle, nombre de formes d’art, de tous les pays, de toutes les ethnies, de toutes les époques. »
Et puis il y a le tricot, un art qu’elle pratique aussi depuis toujours. Le soir, en regardant la télé. En grand format (parfois des dizaines de mètres), en motifs et couleurs multiples.
« Je travaille spontanément, sans croquis, sans canevas, précise-t-elle, une forme s’amorce, je révèle en fait dans le tricot ce qu’il y a dans mon cerveau. »
Et aussi le mail art et l’art postal, disciplines auxquelles elle consacre énormément de temps. Depuis qu’elle est à la retraite de l’éducation nationale, c’est son activité du matin.
Chaque jour, elle réalise ainsi des enveloppes à thèmes qu’elle conserve pour un temps – elle en accumule des centaines – ou qu’elle expédie aussitôt à ses correspondants (lesquels lui renvoient à leur tour des plis traités sur le même mode).
Le Musée de La Poste en a fait l’acquisition d’un certain nombre.
Ainsi que beaucoup d’exemplaires de ses Timbrés de conserve, couvercles de boîtes de sardines ou autres « affranchis » d’un timbre dont elle prolonge en peinture la thématique.
Plusieurs de ces œuvres seront présentées à la réouverture du musée. Et d’autres sont régulièrement montrées au sein d’expositions proposées un peu partout en France. La « titi » parisienne a fait son chemin…
Rodolphe Pays
En savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=k0kxYzZw6lg
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