Archive pour mars 2013

Ils ont bâti la légende de la poste (volet 3)

simonelevyIllustres ou méconnus, ils ont contribué aux fondations, aux évolutions majeures et aussi à l’honneur de la poste. Louis XI, Chamousset, Latécoère, Simone Lévy… , leurs noms apparaissent au fil du parcours historique du musée. Ils font partie de la légende d’une institution présente depuis des siècles auprès des français. Rappel en forme d’hommage du rôle de quelques-uns de ces hommes et de ces femmes. Chapitre 3. 

La résistante. Elle est l’une des six femmes nommées compagnons de la Libération par le général de Gaulle. Originaire du Jura, Simone Michel-Lévy intègre l’administration des PTT à Paris en 1924. Devenue rédactrice à la direction des recherches et du contrôle technique, elle rejoint en 1941 le réseau Résistance-PTT. Sa mission consiste alors à soustraire du matériel téléphonique pour éviter qu’il ne tombe dans les mains de l’occupant et tester du matériel pour les besoins de la résistance. Elle coordonne ensuite – y compris sur place –  les opérations de Résistance-PTT dans toute la Normandie. Dénoncée en novembre 1943, Simone Michel-Lévy sera torturée et déportée au camp de Ravensbrück puis dans une usine d’armement. Soupçonnée de sabotage, elle sera condamnée à mort et pendue le 13 avril 1945. Elle avait trente-neuf ans. Un timbre émis en 1958 lui rend hommage (ilustration ci-dessus) et une place du VIIème arrondissement de Paris porte son nom.

Oubliés, et pourtant… Leurs noms n’évoquent le plus souvent rien à la plupart d’entre nous. Leurs actions ou leur dévouement ont cependant marqué l’histoire de la poste. Qui connaît Francisco Tasso ? Né en Italie près de Bergame en 1459, il est pourtant à l’origine du premier service postal européen. Et la citoyenne Maillefer ? Receveuse du bureau de Bayonne sous la Révolution, on lui confiera l’organisation des services courrier entre les Pyrénées et Toulouse. Ou encore, bénéficiant aujourd’hui d’un peu plus de notoriété, Juliette Dodu, directrice du bureau télégraphique de Pithiviers, dans le Loiret, dont on dit qu’elle sauva la vie de milliers de soldats en interceptant lors de la guerre de 1870 des messages Prussiens. Et Albert Theisz, nommé directeur de la poste pendant la Commune de Paris, qui organisa la participation des postiers à la gestion de leurs établissements, oeuvra en faveur d’un salaire minimum… Et tant d’autres encore. (RP) 

Les collections de l’Adresse Musée de La Poste, 34 boulevard de Vaugirard, Paris 15ème. Tél. : 01 42 79 24 24.

 

Miss.Tic : « Je veux continuer à toucher les gens qui ne fréquentent pas spontanément les lieux culturels »

missitw8Miss.Tic expose dans des galeries, des musées, édite des ouvrages. Elle continue aussi de travailler dans la rue. En demandant des autorisations désormais. Mais jamais celle de peindre et de dire ce qu’elle veut… Interview.

On a vu beaucoup de vos œuvres récemment à Paris. Une carte de vœux géante au bord du périphérique, des pochoirs à Issy-les-Moulineaux pour la Saint-Valentin, vous êtes pour quelques semaines encore au musée de La Poste… Où pourra-t-on à nouveau vous voir prochainement ?

En ce moment je travaille notamment sur une série de dessins – environ une vingtaine – autour du thème de la mode. L’idée, c’est de détourner, une pratique qui m’est toujours familière, les Unes de magazines féminins comme masculins. Je les réalise sur papier et sur toile. Et ils seront présentés à partir de la mi-avril à la galerie W, une des galeries parisiennes qui exposent régulièrement mes travaux. Il y a également beaucoup d’autres projets en perspective, pour des galeries, des institutions publiques et privées. Des réalisations de rue également. J’y pense, je m’y prépare…

L’exposition du musée de La Poste présente des œuvres que vous avez réalisées sur de la tôle, du bois et des papiers collés. Est-ce que ce sont ces supports que vous privilégiez désormais ?

Non, je ne suis pas passée d’un type de supports à l’autre. Je travaille par exemple depuis longtemps en utilisant des parpaings, dont je peins toutes les faces. Je travaille aussi sur d’autres matériaux de construction, comme la brique. Mais pour autant je ne délaisse pas les supports plus traditionnels, comme le papier ou la toile. Classiques ou plus rarement exploités, chacun d’eux offre des possibilités différentes, demande des approches spécifiques, apporte des rendus particuliers. Et c’est ça qui m’intéresse.

Vous dîtes parfois que trouver des idées, ce n’est pas si simple, pourtant vous semblez ne jamais en manquer…

Les idées, ça ne vient pas tout seul, pas si facilement, il faut travailler beaucoup, en tout cas c’est ce que je fais. Je suis plutôt une laborieuse. Chez moi, c’est d’abord l’écriture qui prime. Je pars d’une idée, une phrase vient, il faut alors l’élaborer, la rendre percutante, immédiate. Le dessin se profile ensuite, presque naturellement. Des chanteurs mettent de la musique sur un texte, moi j’y mets des images.

Vous êtes autant poète que plasticienne. Est-ce que l’écrit pourrait être davantage encore présent dans votre œuvre ?

Il l’a été au début, les textes associés à mes images étaient plus longs. Mais d’une certaine façon, ils déséquilibraient l’ensemble et ils perdaient en nervosité, en impact. Dans les ouvrages que j’édite en revanche, j’accompagne certains dessins de textes plus étoffés. C’est parfois une autre manière d’aborder les thèmes traités graphiquement. Et c’est aussi une forme d’expression presque indépendante des dessins, qui se démarque du propos où l’élargit. Lire, écrire, surtout de la poésie, j’ai toujours fait ça…

Vous vous êtes installée en Californie au début des années 1980. Et c’est à votre retour que vous avez réellement commencé à peindre et écrire. Quelle influence ce séjour a-t-il eu sur votre travail ?

Auparavant j’avais aussi suivi des cours de dessin, fait beaucoup de théâtre de rue. Ca a joué. Mais bien sûr, partout on perçoit des choses, on s’en nourrit. A Los Angeles, où je suis restée un an, j’ai vu le travail des muralistes. J’y étais quand Agnès Varda a tourné Murs Murs, un documentaire qui évoque les fresques grands formats réalisées là-bas à l’époque. C’est d’ailleurs émouvant qu’Agnès ait souhaité faire un sujet sur moi l’été dernier, plus de trente ans après cette rencontre américaine. Et je suis allée aussi au Guatemala et au Mexique, j’y ai vu les oeuvres de Rivera et d’autres peintres muralistes. Tout comme en 1982, à New-York, j’ai découvert les tags.  De retour en France, dans le sillage d’Ernest Pignon-Ernest, le mouvement était lancé, avec les frères Ripoulin, les détournements d’affiches… Je m’y suis mise aussi.

Vous crééz toujours dans la rue aujourd’hui ?

La rue, c’est la base de mon travail. Si je suis aujourd’hui exposée dans des musées, des galeries, je veux aussi continuer à toucher les gens qui ne fréquentent pas spontanément les lieux culturels. Je poursuis donc, mais avec les risques en moins, d’une autre manière, je demande l’autorisation, à des institutions, des commerçants. Je fais des pochoirs dans les quartiers que j’aime, ceux où j’ai des amis, à proximité de lieux où j’expose également. Comme beaucoup de street artistes, je suis passée de l’ombre à une certaine lumière, parce que les repères esthétiques et moraux ont évolué. Mais ça ne m’empêche pas de dessiner et de dire ce que je veux.

Propos recueillis par Rodolphe Pays.

Miss.Tic est dans l’exposition « Au-delà du Street art », proposée jusqu’au 30 mars, et dans la salle des trésors philatéliques jusqu’en mai.  L’Adresse Musée de La Poste, 34 boulevard de Vaugirard, Paris 15ème. Tél. : 01 42 79 24 24.

Pour en savoir plus : http://missticinparis.com/

 


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