Il y a 150 ans apparaissait la philatélie. Ou plus précisément le terme philatélie. Retour en arrière sur une naissance qui n’a pas été sans quelque douleur.
Aussitôt les timbres-poste mis en service, en France à la fin des années 1840, des milliers de passionnés se sont mis à les collectionner. Mais à l’époque, on ne parlait pas encore de philatélie pour qualifier cette nouvelle activité de loisirs (et qui devint aussi très vite de négoce). On utilisait alors volontiers le vocable de timbrologie.
C’est seulement en 1864, le 15 novembre précisément, que le terme philatélie apparaîtra pour la première fois. Dans la toute récente revue Le collectionneur de timbres-poste, Georges Herpin, qui possède la plus importante collection de timbres en France, signe ce jour-là un article – opportunément titré Baptême – dans lequel il suggère de désormais préférer cette appellation. Issu des mots grecs philos (ami) et ateleia (exemption de taxe, affranchi), philatélie lui paraît plus pertinent par exemple que timbromanie, souvent en usage alors, qu’il juge même péjoratif.
C’est Arthur Maury, le fondateur du Collectionneur de timbres-poste, qui est à l’origine de la démarche de Georges Herpin. Une affaire de concurrence peut-être. Le jour même de la publication de l’article, un autre journal « philatélique » naissait. Lancé par Pierre Mahé, il s’intitulait… Le timbrophile. La « guerre » était engagée. Trente ans plus tard le fils de Mahé, qui avait repris le flambeau de son père, déclarait « les philatélistes me font suer »…
La philatélie est cependant sortie vainqueur de ce combat fratricide. Plus rapidement encore hors de France, où le terme a sans délai été adopté. En mai 1896, Arthur Maury (ci-contre) déclarait : « La philatélie a fait son chemin depuis trente ans à l’étranger, elle ne s’est acclimatée en France que depuis quelques années, mais c’est devenu aujourd’hui un terme universel. » Et qui l’est resté un siècle et demi plus tard. Rodolphe Pays
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