Archive pour février 2018

Van Dongen au Musée de Montmartre… et en timbre au Musée de La Poste

Timbre « Femme à la balustrade », dessiné par Pierre Forget d’après le tableau de Kees Van Dongen. Le peintre fait jusqu’à l’été l’objet d’une exposition au Musée de Montmartre.

Les peintures de maîtres s’apprécient dans les musées. Sur les timbres aussi.

Comme le tableau Femme à la balustrade de Kees Van Dongen, dont on peut admirer des œuvres exposées actuellement au Musée de Montmartre.

Et que l’on pourra voir en début d’année prochaine au sein du panorama des timbres du Musée de La Poste.

On n’a guère l’occasion de pouvoir embrasser d’un seul coup les quelque 5000 timbres émis en France depuis 1849, année où la première petite vignette d’affranchissement du courrier a été mise en service.

« Femme à la balustrade » a également fait l’objet en 1980 d’un timbre émis par la poste de Monaco.

Difficile, hors les albums des collectionneurs – et leur accès n’est qu’épisodiquement public -, de voir en vrai les timbres que l’on apprécie, que l’on a trouvé beaux, émouvants, dont l’émission nous a semblé une juste reconnaissance envers une personnalité, un événement, un lieu…

Seul le panorama philatélique du Musée de La Poste permet de retrouver tous les timbres que l’on affectionne.

Ou plutôt permettait… , le musée étant encore en travaux. Mais plus pour si longtemps désormais : la perspective de pouvoir à nouveau contempler ces timbres se rapproche.

Kees Van Dongen.

On pourra ainsi revoir des images un peu oubliées, mais que l’actualité nous rappelle. Comme ce timbre émis en 1975 reproduisant Femme à la balustrade, le tableau de Kees Van Dongen (1877-1968), peintre dont le Musée de Montmartre propose jusqu’à l’été un accrochage rétrospectif.

Dessiné par Pierre Forget, ce timbre est aussi une émission « Europa », série lancée en 1956 destinée à faire partager au-delà des frontières l’histoire et la culture européennes.

Le choix d’un timbre consacré à Van Dongen coïncidait parfaitement avec l’esprit des timbres « Europa ». Le peintre était né à Rotterdam, s’était installé à Paris, dans les ateliers du Bateau-lavoir à Montmartre.

Où il avait vécu et travaillé avec l’espagnol Picasso, le roumain et hongrois Pascin, l’italien Modigliani, l’allemand et hollandais Van Rees…

Plusieurs toiles de quelques-uns de ces artistes accompagnent les œuvres de Van Dongen au sein de l’exposition du Musée de Montmartre.

Autant d’artistes dont on pourra également admirer le travail en début d’année prochaine via les timbres reproduisant leurs tableaux. Dans le panorama philatélique du Musée de La Poste…

Rodolphe Pays

Exposition Van Dongen et le Bateau-lavoir, du 15 février au 26 août, Musée de Montmartre-Jardins Renoir (12 rue Cortot, Paris 18ème).

En savoir plus : http://museedemontmartre.fr/

Le blog du Musée de La Poste fait relâche une dizaine de jours. A bientôt pour de nouvelles aventures historiques, culturelles, philatéliques…

 

Avec son nouveau hors-série, Timbres magazine continue de dévoiler le « dessous des timbres »

« Le dessous des timbres IV », nouveau hors-série de Timbres magazine, une des revues philatéliques avec lesquelles le Musée de La Poste est régulièrement en contact.

Le nouveau hors-série de Timbres magazine est dans les kiosques.

Un numéro qui invite, comme l’écrit dans son édito le rédacteur en chef Gauthier Toulemonde, à « découvrir en grand angle quelques facettes de la philatélie, infaillible mémoire des événements du monde ».

Et c’est comme toujours passionnant.

Ils sont des indicateurs de moments forts, de périodes marquantes, des arrêts sur image, des témoins de leurs temps… Des instruments de communication et de propagande aussi.

Les timbres racontent et illustrent l’Histoire. Toute l’Histoire. Et toutes les Histoires : la grande, la grave, l’heureuse, la petite, l’anecdotique, la méconnue, l’oubliée, l’honteuse, l’insolite…

Bien avant la Catalogne, le village de Montmartre, absorbé par Paris en 1860, rêve d’indépendance… Des timbres rappellent cette belle et utopique aventure.

Près de deux siècles que cela dure. Le média timbre n’est pas tombé dans la désuétude que d’aucuns proclament.

Aujourd’hui comme hier, des émissions philatéliques partout dans le monde apprennent, rappellent, rendent compte aussi, surprennent…

De petites images dentelées – mais pas toujours -, souvent des œuvres d’art, qui telle une station météo donnent la température de la planète, annoncent les coups de vent, les épisodes neigeux, les éclaircies, les anticyclones…

Un chapitre évoque l’éclatement de l’URSS et les émissions philatéliques qui en témoignent.

Le nouveau hors-série de Timbres magazine – le quatrième de la collection Le dessous des timbres – évoque ainsi à travers le timbre le monde qui va, qui vient, qui change. Tous continents confondus.

La revue s’intéresse cette fois plus particulièrement à la géopolitique vue à travers des pages d’Histoire plutôt insolites. Elle emmène ainsi le lecteur partout sur la planète, au cœur d’anciens empires, sur des théâtres d’opérations militaires récentes, dans des îles tourmentées, éloignées, perdues…

C’est passionnant. Et toujours très documenté.

On part de France, où l’on s’envole avec les ballons d’enfant qu’un certain Alfred Roseleur utilisait lors du siège de Paris de 1870 pour faire passer au dessus des lignes ennemies des lettres amoureuses – et dûment timbrées – à son épouse réfugiée en province.

Le hors-série emmène également au Moyen-Orient. En Lybie, en Irak (avec en regard sur cette double page, un timbre irakien tout récent, comme un pendant du timbre français « La Liberté guidant le peuple »).

On passe par les villes martyres françaises de la fin de la Seconde guerre mondiale – Caen, Dunkerque, Saint-Malo… – via les timbres qui leur ont été consacré.

Et l’on s’arrête longuement sur la très riche philatélie russe, traduction de la complexité d’un immense pays, d’abord replié sur lui-même, puis affecté de soubresauts (révolution, guerres civile et mondiales… ).

Avant d’y revenir quelques chapitres plus loin pour évoquer l’éclatement de l’URSS et les émissions philatéliques qui en témoignent.

Le « puzzle » océanien reconstitué par les timbres…

Puis c’est un saut au « Rockall », rocher écossais perdu entre Irlande et Islande. Convoité, parfois même revendiqué – timbre à l’appui – par le voisinage.

D’autres îles encore au sommaire.

Comme l’« Hispanolia » découverte par Colomb, que se partagent Haïti et la République dominicaine. Une histoire pleine de rebondissements… et de retournements économiques.

La très stratégique île de Guam aussi. Entre Japon et Philippines. Connue bien souvent des seuls philatélistes.

Le hors-série nous emmène également au Moyen-Orient. En Lybie, en Irak (avec un timbre tout récent, comme une « Liberté » guidant le peuple). Etonnant.

Et la Corée du Nord (et un timbre unique au monde, où apparaît un authentique juron), l’Amérique du Sud, l’Océanie, les régions polaires…

Un tour de la Terre politique, géographique, économique, idéologique, anecdotique… Philatélique, en fait.

Rodolphe Pays

Le dessous des timbres/ « Géopolitique & histoires insolites », un hors-série de Timbres magazine, 132 pages, 7,80 €, en vente en kiosque.

En savoir plus : http://www.timbro.fr/fr/

Tarek Benaoum : « J’ai associé la calligraphie, le cœur de mon travail, et les facteurs, le cœur de l’activité postale »

Tarek Benaoum est en train d’achever la fresque qu’il réalise – entre des dizaines d’averses – sur la palissade du chantier de rénovation du Musée de La Poste.

Il explique comment il a été amené à concevoir cette œuvre, l’approche qu’elle a déclenchée avec l’univers de La Poste, sa démarche d’associer facteurs et calligraphie, les échanges avec les passants…

 

Le contact

« Lorsque Josette Rasle, commissaire d’exposition au Musée de La Poste, m’a appelé, je travaillais sur une grande fresque pour l’Institut des cultures d’Islam.

Pour Tarek Benaoum, « cette culture, ce métier de facteur, ces ambiances, c’est ça qui m’a avant tout intéressé. »

Elle m’a proposé de participer au projet Ralentir, street art, une série d’œuvres réalisées successivement par des artistes depuis deux ans et demi sur la palissade du chantier de rénovation du musée.

Un travail d’assez grand format aussi, puisque cette palissade fait plus de vingt mètres de long.

Je ne connaissais pas vraiment l’univers de La Poste, j’avais juste conçu une petite création lors d’une résidence d’artistes dans un bureau de poste de Montparnasse promis à la démolition.

Je ne connaissais pas non plus le musée, je savais seulement qu’il s’y était déroulée une belle expo de street art il y a quelques années.

Le projet m’a intéressé, j’ai tout de suite vu que le lieu et l’espace donnaient matière à s’exprimer.

L’idée

Très vite j’ai pensé associer la calligraphie, le cœur de mon travail, et les facteurs, le cœur de l’activité postale. J’avais le sentiment que ça parlerait aux gens, aux habitants du quartier, à ceux qui y travaillent, qui le fréquentent…

« J’ai au final retenu 7 photos, dont celle destinée à être un peu comme la pièce maîtresse de la fresque, celle du fameux Facteur Cheval. »

J’ai passé quelques jours à la médiathèque du musée à voir des photos de facteurs de toutes les époques. J’ai observé les codes vestimentaires, les uniformes, d’été, d’hiver, les gueules aussi, les postures…

J’ai au final retenu 7 photos, dont celle destinée à être un peu comme la pièce maîtresse de la fresque, celle du fameux Facteur Cheval. J’aurais aussi pu mettre François, le facteur de Jour de fête, le film de Jacques Tati.

Ces photos, j’en ai fait des tirages grandeur nature, que j’ai collés sur la palissade. Ils rythment la calligraphie que j’ai disposée autour d’eux.

La calligraphie

Les 7 facteurs de la fresque ne sont pas alignés chronologiquement. Je les ai placés en fonction de leurs costumes, de la couleur de leurs vêtements, de leur position, de face ou de profil, tête tournée ou inclinée.

« J’ai voulu que les facteurs apparaissent dans une ambiance un peu surréaliste, c’est pourquoi je les ai entourés de halos, de coulures, de gerbes de couleurs. »

Avec des différences de niveau aussi. Ils sont comme des repères, des mouvements…

J’ai aussi voulu qu’ils apparaissent dans une ambiance un peu surréaliste, c’est pourquoi je les ai entourés de halos, de coulures, de gerbes de couleurs.

Ce sont des sortes de marqueurs, d’échos des textes calligraphiés que j’ai répartis autour d’eux. Ces écritures – romaines, latines, arabes… – les font ressortir, les mettent en avant, les idéalisent aussi.

J’ai employé pour peindre les caractères les couleurs que j’utilise le plus souvent, l’or, l’argent et le cuivre. Elles me paraissaient adaptées à la circonstance, au lieu aussi. Ce sont des couleurs à l’opacité importante, elles captent et reflètent à la fois la lumière.

Le texte

Calligraphié à travers des écritures multiples, le texte en toile de fond de la fresque est l’œuvre de Jacques Lèbre, un poète qui était aussi postier. Ce sont des extraits d’un livre intitulé Janvier, qui évoque les femmes, leur sensibilité, leurs désirs…

« Un encart affiché sur la palissade donnera aux passants une « traduction » du propos de l’auteur. »

Un encart affiché sur la palissade donnera aux passants une « traduction » du propos de l’auteur.

Le bilan

Travailler sur ce projet, ça a d’abord été l’approche d’un univers. C’était nouveau pour moi, cette culture, ce métier de facteur, ces ambiances, c’est ça qui m’a avant tout intéressé.

Et puis, je croyais que ce serait peut-être mal perçu de travailler dans ce quartier, à la différence des quartiers plus populaires où j’interviens fréquemment.

Je me suis trompé, ça ne s’est pas passé comme je le redoutais un peu. Les gens ont aimé voir cette fresque s’élaborer, des gens de milieux différents, de religions différentes. Ils prenaient le temps de s’arrêter, de causer.

Je crois qu’ils ont apprécié. Cela m’a surpris au début, étonné, et j’ai trouvé que c’était vraiment bien.

J’ai aussi eu plaisir à travailler avec les gens du musée, ils m’ont accueilli, aidé, accompagné. J’espère que les passants – visiteurs d’un instant, d’un moment – partageront eux-aussi ce plaisir ».

Propos recueillis par Rodolphe Pays

(photos Thierry Debonnaire)

Une formation déterminante

Comme beaucoup de street artistes, Tarek Benaoum s’est d’abord passionné pour le graffiti. Bombes en main, il s’est forgé dès l’adolescence une première expérience.

C’est ensuite quatre années durant au Scriptorium de Toulouse – un atelier d’enseignement de l’école des Beaux-arts de la ville – qu’il apprendra la calligraphie. Une formation « à l’ancienne », exigeante, mais déterminante pour la suite.

Bernard Arin, initiateur et animateur du Scriptorium de Toulouse, a été l’un des enseignants qui ont compté dans la formation de Tarek Benaoum.

« Les profs nous demandaient beaucoup, ne nous passaient rien, se souvient-il, mais ils étaient très pédagos, donnaient beaucoup d’eux-mêmes, nous transmettaient leur savoir, leur amour de la calligraphie, de la typographie. »

Tarek Benaoum pense en particulier à l’un deux, Bernard Arin, qui a dirigé le Scriptorium jusqu’à sa fermeture en 2005 (faute de successeur… ).

« Face à des gens comme lui, tu es une éponge, dit-il, tu absorbes, et tu progresses… »

En savoir plus : http://www.tarekbenaoum.com/


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